
Assurer ses arrières…
Un écho, plutôt une résonance, voire une propagation de cette phrase saisie lors de cette journée au coeur de l’École : "L’École est passée d’un lieu de refuge à un lieu d’opérations". C’est Philippe La Sagna qui l’énonce dans son intervention. Il rappelle comment les membres ont bataillé pour faire exister l’École dans la cité. Le 5 mai 2006, dans le Journal officiel, l’École devient une association reconnue d’utilité publique. Cette demande, impulsée par Jacques-Alain Miller autour "De l’utilité sociale de l’écoute", avait été votée en assemblée générale de l'ECF trois ans auparavant.
Le lieu des opérations est sur le vif, au plus près du malaise dans la civilisation avec cette perpective que "l’inconscient c’est la politique", les forums Zadig en sont l’expression. Comme Lacan l’avait annoncé clairement "Le discours que je dis psychanalytique, c’est le lien social déterminé par la pratique d’une analyse. Il vaut d’être porté à la hauteur des plus fondamentaux parmi les liens qui restent pour nous en activité". Qu’en est-il du lieu de refuge ? Philippe La Sagna donne des pistes : de l’École freudienne de Paris, en passant par la lettre aux Mille, jusqu'à la création de l’École de la Cause freudienne par Lacan, "ce que l’on sentait menacé […], c‘était l’École et, à travers elle, la psychanalyse. On peut dire que cela continue". Il fallait un refuge car Freud définit la psychanalyse comme un procédé de guérison des névroses, mais aussi une discipline scientifique nouvelle. A la Maison de la Chimie, en comité restreint se prépare l’arrière, se travaille le rapport à la cause analytique. Cela nécessite une analyse, pas sans éthique, et un contrôle assidu sous tendue par la garantie prise entre désir de l’analyste et tranchant de l’acte. L’École, conclut Philippe La sagna "est un lieu d’accueil ouvert pour les symptômes, la case pour les incasables".
Valérie Bussières